Interview de Piero San Giorgio au sujet de l’or en temps de crise

Le survivalisme fait très peu partie de notre vocabulaire en France et même en Europe, pourtant dans des pays à forts risques naturels comme les Etats-Unis, ou bien politiquement et économiquement instables (Afrique, Amérique latine ou Moyen Orient), on remarque que les habitants sont nettement plus prêts à faire face à ce genre de crises. Lorsqu’une crise économique ou une catastrophe naturelle surviennent, elles ont tendance à frapper sans prévenir laissant de nombreuses personnes dans une grande pauvreté. Qui de mieux pour parler de ce sujet que Piero San Giorgio auteur du livre à succès «Survivre à l’effondrement économique».
 
Investiror.net: Bonjour Piero San Giorgio, pourriez-vous vous présenter? A quel moment de votre vie vous êtes vous pris d’intérêt pour le survivalisme et quel en a été l’élément déclencheur ?
Piero San Giorgio: Mon nom est Piero San Giorgio je suis un écrivain suisse, pendant longtemps, des années 90 à 2011 j’ai travaillé dans l’industrie des logiciels, j’étais cadre supérieur, responsable du marketing et du développement des affaires pour des sociétés de logiciel américaines, j’ai notamment longtemps travaillé chez Oracle où j’ai développé pour eux les marchés de l’Afrique et puis du Moyen Orient et de l’Europe de l’est, j’ai ensuite créé ma société après avoir travaillé dans quelques start-up, j’ai monté la mienne, une start-up de services dans l’aide à des sociétés de logiciels, nord américaines pour leur implantation commerciale en Europe. J’ai vendu cette société en 2005 et j’ai rejoint salesforce.com une des sociétés pionnières du cloud où j’ai travaillé 5 ans et puis successfactors, toujours pour développer les marchés Moyen Orient, Afrique mais surtout Europe de l’est, ce qu’on appelait les marchés émergents. En réalité, à partir de 2003 et la guerre en Irak où j’ai pu voir cette incroyable propagande de guerre des Etats-Unis, basée sur cette fausse idée des armes de destruction massive et de l’implication de Saddam Hussein dans le 11 septembre, que l’on sait faux évidemment aujourd’hui et que l’on savait déjà faux à l’époque, je me suis alors rendu compte que la plupart des médias mentent de manière éhontée à la population donc j’étais un peu naïf encore à cette époque et cette prise de conscience m’a poussé à rechercher des informations alternatives, d’aller chercher dans les livres d’histoire la réalité de ce qui se passe. Cela m’a fait prendre conscience de la raréfaction des ressources naturelles, des problèmes liés à la pollution, la surcroissance de la population humaine et de la géopolitique liée au contrôle des ressources qui deviennent de plus en plus rares et qui sont fondamentaux à notre monde. Pour la petite histoire lorsque j’ai vendu ma société en 2005 les profits de cette vente, en tous cas de la vente des actions que j’avais dans ma propre société, je ne savais pas où les investir et je ne voulais pas laisser ce cash sur mon compte en banque et j’ai décidé de tout investir dans l’or, à l’époque c’était des ETFs, c’est à dire de l’or papier, mais enfin de l’or et donc je me souviens de voir cet or à partir de 2005 monter, monter, monter et comme je m’y suis intéressé cela m’a aussi permis de me plonger dans la réalité du marché de l’or et de ce qui en découle par rapport à l’économie réelle et l’économie surendettée dans laquelle la plupart des pays du monde se trouvent aujourd’hui et c’est vraiment un sujet intéressant. A partir de 2011 la convergence de toutes ces réflexions, c’est à dire une sensibilité écologique, une sensibilité historique, une sensibilité énergétique, une sensibilité financière m’ont fait comprendre que nous allions vers une catastrophe, cette prise de conscience elle a commencé en 2003 mais s’est vraiment réalisée en 2005 et donc en 2011 j’ai décidé d’écrire un livre qui expliquait les démarches que j’avais prises à titre personnel pour ma famille et moi de me préparer à ce que j’appelle l’effondrement économique, c’est à dire à mon avis l’inévitable crise très longue et très dure que les économies globalisées vont traverser. Donc j’ai écrit ce livre qui s’appelle « survivre à l’effondrement économique » et qui sans prétention a été publié chez un éditeur qui a eu le courage de croire dans un livre qui était le tout premier en France sur ce sujet et certainement à contre courant, malgré la crise de 2008, des économistes qui pensent que tout va très bien et que tout ira toujours très bien et que la croissance sera toujours infinie dans un monde qui est par définition limité. Ce livre a eu un grand succès, sorti en 2011, nous en sommes aujourd’hui à plus de 60.000 exemplaires vendus sans avoir été couvert par les grands médias parce que je pense que les conséquences de ce que j’écris sont assez radicales et remettent en cause les croyances de l’économie moderne et donc il va de soi que les grands médias ne veulent absolument pas en parler.

Néanmoins fort du succès de ce livre j’ai coécrit un livre qui s’appelle « Rues barbares, survivre en ville » et qui traite de la problématique de la vie dans les villes, notamment liée au système d’approvisionnement qui sont en flux tendus, en « just in time » et qui rendent la vie dans ces villes extrêmement dangereuse si ce qui est considéré comme normal, c’est à dire un approvisionnement dans une économie florissante et justement un approvisionnement constant devait s’arrêter à cause d’une crise. On l’a vu lors des ouragans de Katrina à la Nouvelle Orléans ou des tsunamis comme au Japon en 2011 ou encore l’ouragan Sandy en 2012 à New York. La problématique qui arrive dans les villes est lourde de conséquences et donc ce que j’essaye d’enseigner, d’apprendre et d’apporter comme témoignage et comme expérience dans ces livres c’est comment est-ce que l’on peut se préparer et se prémunir en cas de crise financière ou physique, tel que des guerres internationales ou civiles, ce sont des choses qui ne sont plus de l’ordre de la science fiction, ce sont des choses qui rentrent dans l’ordre du possible aujourd’hui y compris dans des pays occidentaux comme les Etats-Unis ou la France. Je communique essentiellement avec mes lecteurs via ma page Facebook, j’ai un site qui s’appelle Piero.com et puis j’ai écrit un troisième livre paru en 2014 qui traite des femmes, qui s’appelle « Femmes au bord de la crise » qui est plutôt une approche de sensibilisation de la moitié de la population, les femmes, par rapport au risque qu’elles ont, qui a mon avis devient de plus en plus grand, malgré les acquis du féminisme, leur risque à la fois financier économique mais aussi physique en cas de problèmes est accru donc je voulais les avertir et les sensibiliser aux problématiques que j’ai mentionné pour les femmes particulièrement, c’est un livre qui me tient aussi beaucoup à c’ur. J’ai encore deux trois livres sous le coude qui touchent des sujets comme la préparation au risque d’accident nucléaire, chimique et biologique et d’autres par rapport à l’auto défense qui viendront plus tard.
Investiror.net: Concernant vos services de consulting pour ceux désirant se préparer à de potentiels risques économiques, naturels ou sociaux, pouvez-vous nous dire ce qu’est une BAD ?
Piero San Giorgio: Dans mes livres j’ai pris le concept de Base Autonome Durable (BAD), car ce que j’essaie d’expliquer c’est que pour s’en sortir en cas de crise il faut que nous soyons le plus possible autonomes, autonomes par rapport à tout ce qui touche la pyramide de Maslow, c’est à dire la pyramide de besoins humains qui touche évidemment la respiration mais aussi la nourriture, l’eau, l’énergie, la capacité à se soigner (en tous cas pour des blessures relativement habituelles), également la capacité à avoir les connaissances nécessaires qui nous permettent d’être autonomes pour différents métiers en cas de crise et donc pour éviter les aléas de l’économie et aussi la capacité à se défendre et la capacité à mettre en place un lien social très important pour créer des réseaux d’entraide, de soutien mutuel entre les gens qui habitent dans le même quartier, dans le même village, dans la même région car nous pouvons difficilement nous en sortir en cas de crise lourde tout seul. Il va falloir également compter sur les gens autour de nous et donc plus nous sommes nombreux à nous préparer, c’est la toute la démarche de mes livres, moins sera dure l’éventuelle crise et ses effets qui pour moi n’est plus une éventualité, mais qu’une question de temps. Les crises peuvent être grosses comme celle que je prévois mais elles peuvent aussi être courtes, cela peut être l’incendie d’un domicile, une crise urbaine, des révoltes de banlieue, des guerres civiles, donc plus on est capable d’être autonome mieux on va se porter en cas de crise. J’ai en fait commencé à faire du conseil auprès de connaissances de famille, des anciens collègues de travail et des patrons d’entreprise que je connaissais à travers la Suisse où j’habite mais aussi à travers l’Europe et le Moyen Orient où j’avais travaillé auparavant qui me posaient la question suivante: « On comprend ce que tu es en train de faire, on sait que tu écris des livres mais nous qu’est ce qu’on peut faire? ». Et donc j’ai aidé quelques personnes et cela m’a donné l’idée de faire un petit peu de conseil, c’est une approche peut structurée de ma part mais elle a une méthodologie néanmoins, quand je dis peu structurée c’est parce que je ne vends pas cela comme une grande boite de consulting je fais cela très amicalement et en gros je couvre mes frais, ce n’est pas une immense source de revenus, je ne suis pas très cher non plus par rapport aux consultants, aux avocats d’affaires qui existent sur le marché. Donc j’approche ces personnes en essayant de comprendre leur mode de vie, leur situation socioprofessionnelle et financière et de comprendre en fonction de leurs expectatives et des risques auxquels ils font face quelles sont les solutions, les stratégies pour minimiser leurs risques. Je fais une sorte de risque management d’un point de vue personnel et privé de ces personnes tout en tenant compte de leur univers professionnel, cela peut être pour des grands chefs d’entreprise, parfois ce sont des personnes du showbizz et donc qui ont des contraintes de voyage, de famille et financières etc. En fonction de ces paramètres j’aide ces gens à mettre en place leur stratégie qui peut inclure par exemple la transformation de leur jardin, de leurs habitudes familières, de leurs habitudes de vacances mais aussi des compétences pour voir ce qu’il leur manque et qu’est ce qu’ils peuvent faire pour par exemple être moins dépendant d’un métier fixe ou d’une seule source de revenus etc. C’est une sorte de coaching de vie mais liée aux problématiques de sécurité, d’autonomie et de survie et donc je fais cela relativement régulièrement à travers toute la France, l’Europe, les Etats-Unis et beaucoup au Moyen Orient.
« J’ai vécu l’hyperinflation du Zimbabwe personnellement, j’y habitai lorsque le dollar Les Zimbabwelévock est parti en hyperinflation »
Investiror.net: Nous pouvons voir sur votre site (Piero.com) que les frais de consulting s’élèvent à 1 once d’or par jour, pensez-vous que tout le monde devrait posséder de l’or ?
Piero San Giorgio: La raison pour laquelle j’ai demandé à être payé en once d’or c’est parce que effectivement je pense que la vraie monnaie, la vraie valeur des choses à la fin, c’est à dire quand on enlève tous les oripeaux et les artifices de la finance, c’est l’or. Depuis la nuit des temps, c’est la monnaie ultime et basique de l’humanité. Alors un peu par boutade et un peu parce que je veux montrer que je crois à ce que je dis, je me suis dit, voilà mon prix n’est pas un prix fixe comme par exemple 1000′ par jour mais mon prix c’est une once d’or, dans la réalité les gens me payent en euros, en dollars, en shekel, en rouble, en lire turque, peut importe, en rial’ Mais l’équivalent c’est une once d’or, donc en fait je montre aussi que mes prix fluctuent en fonction de l’or. C’est vrai que quand l’or est très élevé, comme c’était le cas entre 2012 et 2013 forcément cela me faisait plus de revenus que lorsque l’or était plus bas comme en ce moment où il est relativement bon marché bien qu’il soit encore quatre fois plus cher qu’en 2005, mais enfin, cela montre aussi que je fais ce que je dis. Je pense que si on a des économies et que une fois que l’on a investi dans la formation pour des nouvelles compétences, dans des outils qui nous permettent de survivre en cas de problème lourd ou de minimiser les problèmes en cas de crise, si il nous reste des économies à ce moment là, je pense qu’une partie de notre fortune devrait être mise dans des placements « indestructibles ». L’immobilier en fait partie mais aussi je pense que l’or et dans une certaine mesure également l’argent devraient faire partie de notre patrimoine. Je ne suis pas un conseiller financier donc je ne vais pas vous dire il faut 10%, il faut 15% il faut 50% d’or mais je pense qu’il faut en fonction de nos stratégies de risque, nos stratégies d’investissement financiers, avoir de l’or. Y compris de l’or physique que l’on a planqué dans un lieu sûr, cela peut être dans un coffre d’une banque, dans un coffre chez soi, enterré dans un jardin, à chacun de voir en fonction de son lieu d’habitation et des risques alentours de planquer une partie de cet or et cela dépend bien sûr de la fortune totale. J’ai des clients avec une fortune qui se chiffre en milliards d’euros, c’est sûr que même 10% de cette fortune investir en or cela représente une quantité et un poids considérables d’or donc peut être dans leur cas, soit ils admettent qu’en cas de grande crise financière ils risquent de perdre une très très grande partie de cette fortune ou alors l’investissement doit se faire ailleurs, encore une fois, dans des systèmes par exemple d’autonomie alimentaire, donc cela veut dire investir dans de l’agroalimentaire local autour de là où ils habitent, des systèmes de production d’énergie alternative etc. Je vous avoue qu’avec 2 milliards d’euros on a de quoi voir venir’
Investiror.net: De nombreuses personnes disent que l’or ne se mange pas et qu’il ne rapporte rien, qu’il est donc inutile, qu’avez vous à répondre à cela ?
Piero San Giorgio: Tout d’abord dans toute l’Histoire de l’humanité l’or a toujours été une réserve de valeur et il le sera toujours à priori. Ensuite il est vrai qu’il ne se mange pas et qu’il ne rapporte rien mais toujours pas rapport à quoi? Evidemment il ne rapporte rien par rapport à une action qui peut monter en bourse mais qui peut aussi baisser, il ne rapporte rien par rapport à une obligation qui rapporte un pourcentage ou un prêt qui lui aussi rapporte un pourcentage sous forme de taux d’intérêt mais qui peut aussi être totalement perdu si une crise pulvérise ces sociétés cotées en bourse ou les gouvernements qui font des défauts de paiement. Oui cela a déjà existé et d’ailleurs l’immense majorité des Etats font régulièrement faillite, l’immense majorité des bourses subissent régulièrement des krachs et si l’on regarde simplement au delà des 100 dernières années, et même les 100 dernières années ont de sacrés exemples d’effondrements financiers, boursiers ou même des gouvernements qui font défaut, dans l’Histoire de l’humanité le défaut et la faillite des Etats, le krach boursier c’est en fait la norme depuis que les bourses existent et même avant, les Etats à l’époque de l’empire romain ont fait des défauts colossaux. Les seuls qui ont réussi dans cette situation à préserver leur fortune ont été ceux qui ont mis une partie de leur fortune dans des biens tangibles et durables, encore une fois, des compétences, des outils et ensuite des biens mobiliers (immeubles, terrains) mais aussi de l’or et de l’argent. Alors on me dit: « l’or ne peut pas se manger », Ce à quoi je réponds que cela dépend, c’est à dire que lorsque l’on parle de troc, dans certaines situations où on pourrait toujours utiliser des pièces d’or pour acheter de la nourriture ou des biens nécessaires, un paysan qui produit ses pommes de terre pourquoi est-ce qu’il échangerait ses pommes de terre contre des pièces d’or? Alors d’abord historiquement il l’a toujours fait, c’est à dire que les paysans, pendant les crises s’enrichissent, si ils savent se défendre, en général ils s’enrichissent, pendant la seconde guerre mondiale les paysans français ont fait fortune, parce qu’ils alimentaient le marché noir et donc pouvaient nourrir une population et se faisaient payer en louis d’or ou en pièces d’argent (Napoléon etc). Alors pourquoi je dis que l’or se mange? C’est parce que le paysan il ne produit pas deux patates par jour, le paysan il va produire zéro patates pendant dix mois de l’année et puis en octobre, peut être novembre, il va produire énormément de patates et donc il est obligé de les vendre, et encore je prends l’exemple de la patate qui est un tubercule qui peut se conserver relativement longtemps de manière générale, mais si c’était des tomates il serait obligé de faire soit des sauces tomate, soit de les vendre et donc il sera très content d’accepter un paiement. On prend un exemple un peu extrême, ce serait une crise où il n’y a plus de monnaie valable mais enfin c’est arrivé au Zimbabwe récemment, c’est arrivé à la République de Weimar dans les années 20 et de toutes façons lorsque les monnaies sont basées sur du virtuel et que la création monétaire est infinie tôt ou tard la population perd confiance dans cette monnaie scripturale et donc cette monnaie s’effondre. Donc il faut avoir un plan B, alors cela peut être l’or en l’occurrence mais cela peut aussi être une autre devise qui elle n’est pas touchée par ces crises. Aujourd’hui des devises extrêmement solides, à mon avis, elles sont rares donc l’or peut être une des approches, encore une fois c’est dans un panachage de risques, dans un panachage de devises, ce n’est pas forcément l’unique manière de préserver son risque notamment par rapport à l’inflation.
« Je ne pense pas qu’il soit intéressant d’aller voir des pièces pour leur valeur numismatique, il est plutôt intéressant de voir des pièces pour leur poids en or ou en argent »
Investiror.net: Lorsque l’on possède de l’or quelle est selon vous la meilleure façon de le stocker / cacher ?
Piero San Giorgio: Alors évidemment si vous avez quatre pièces d’or vous pouvez très bien les garder planquées chez vous, dans un coffre à la banque quoi qu’il arrive ce ne sont pas des immenses montants, peut être que pour la personne c’est important mais il n’y a pas besoin de se stresser pour l’équivalent de 3000 ou 4000′ en pièces d’or. En revanche, encore une fois pour ce client qui a plusieurs milliards d’euros si il veut en mettre 10% en or cela fait 300 ou 400 millions en or, des tonnes d’or, donc il va devoir réfléchir à le stocker. Entre les deux il y a beaucoup de gens qui veulent mettre peut être 10000, 15000 20000, 50000′ en or, ce qui représente 10 ou 15% de leur fortune et moi ce que je leur conseille en général c’est d’avoir un panachage, c’est à dire que une partie il faut la garder dans un lieu sûr chez soi, une partie dans un coffre à la banque que l’on peut accéder de manière relativement facile et une partie, pourquoi pas, il y a des entrepôts sécurisés, il y a de plus en plus d’entreprises privées, qui donnent une certaine garantie et certainement vendent une certaine garantie de sécurité, d’accès et de discrétion en fonction des pays, j’en connais en Suisse mais aussi en France etc. Alors bien sûr cela dépend du type de rapport que l’on a avec le fisc, la plupart des gens en Suisse sont des gens qui ont une transparence totale avec l’Etat et le fisc mais nous avons aussi des résidents qui par rapport à leur pays d’origine n’ont pas cette transparence, donc je conseille toujours d’être très attentif à la stratégie que l’on a mis en place par rapport au fisc et de ne pas faire d’erreurs dans ce genre de choses, il vaut mieux être très clair être transparent, être ouvert et donc y compris pour des biens comme. Il existe aujourd’hui pas mal d’entreprises privées qui proposent à leurs clients de stocker leur or, cela dépend des montants, si vous avez un petit montant cela ne me paraît pas très judicieux, autant le garder bien caché chez vous, en revanche si vous avez des gros montants je pense qu’il vaut mieux le panacher et donc distribuer le risque dans différents endroits.
Investiror.net: Selon vous quel pourcentage de son patrimoine est-ce qu’un épargnant doit allouer à l’or ?
Piero San Giorgio: Je pense y avoir répondu mais pour résumer cela dépend de votre fortune totale et de votre stratégie face aux crises et ensuite ce qui est raisonnable. A mon avis entre 10 et 30% cela me paraît bien au delà il faut vraiment avoir la certitude que la crise arrive et ne pas avoir peur des fluctuations du cours de l’or et ne pas avoir d’autres opportunités d’investissement, en dessous de 30% dans le cas où on a des très gros montants car cela devient compliqué d’avoir des dizaines de millions ou des centaines de millions en or physique. Encore une fois ce n’est pas un conseil que je donne personnellement, je ne suis pas habilité à cela mais je pense qu’entre 10 et 30% cela me paraît raisonnable.
Investior.net: De nombreuses personnes investissent dans l’or dans une optique de bénéfices, pensez vous qu’investir dans l’or suffit à se préparer contre une crise économique majeure ?
Piero San Giorgio: Investir dans l’or dans une optique de bénéfices pour moi n’a pas de sens, pour moi l’or est une assurance, on investit pas dans une assurance pour faire des bénéfices, on espère qu’on aura jamais besoin de cette assurance néanmoins on y souscrit au cas où il y aurait une crise économique majeure. Maintenant est-ce que l’or suffit à se préparer contre une crise économique majeure? la réponse est catégoriquement non, l’or est un moyen pour moi de se protéger contre l’inflation et contre des crises, et de transporter une partie de son pouvoir d’achat, de sa fortune donc, dans le futur mais clairement ce n’est largement pas suffisant pour se préparer à une crise économique. Il y a toute la problématique de la sécurité, de l’autonomie ou même de l’approvisionnement alimentaire de l’eau de la production d’énergie etc. Etre assis sur un magot ce n’est pas suffisant pour manger ce n’est pas suffisant pour être autonome, pas suffisant pour avoir un travail ou une activité qui nous permette de vivre il faut bien plus que çela, c’est la raison pour laquelle d’ailleurs que l’or dans mon livre n’est présent que dans une page sur 422.
Investiror.net: Quel type de pièce et / ou de lingot conseilleriez-vous ?
Piero San Giorgio: Evidemment tout dépend du montant investi encore une fois, si vous avez plusieurs centaines de millions forcément vous allez choisir des gros lingots, il y a des lingots de 25kg, il y a des lingots de 1kg. Pour des fortunes plus communes, plus raisonnables je pense qu’il est intéressant de panacher, je crois qu’aujourd’hui, en Suisse, nous avons des lingotins de 1g, cela paraît un peu ridicule mais enfin, des lingots de 50g, de 100g, de 250g sont tout à fait raisonnables ou alors des pièces. Je ne pense pas qu’il soit intéressant d’aller voir des pièces pour leur valeur numismatique, il est plutôt intéressant de voir des pièces pour leur poids en or ou en argent et donc choisir des pièces à 999,9 de pureté et de bien vérifier que ce sont des pièces relativement courantes, cela peut être des Maple Leaf or canadiennes, des australiennes, des autrichiennes (philharmoniques) il y en a de toutes sortes, il y a même des pièces de 1 once suisses. Bien faire attention aussi aux taxes que l’on va payer quand on achète de l’or, faire attention si on paye une TVA ou pas (suivant le pays) si on peut l’acheter en cash ou pas, est-ce qu’on est transparent ou pas avec le fisc etc. Ce sont des éléments importants à prendre en compte et bien sûr j’irai investir dans de l’or accepté partout, j’évite donc les pièces exotiques, je préfère les pièces très pures, c’est à dire encore une fois en pureté d’or. On peut imaginer que le krugerrand par exemple ou le gold eagle américain qui ne sont pas des pièces 100% or (elles ont seulement un certain pourcentage d’or) elles sont malgré tout assez reconnues donc on peut imaginer qu’elles peuvent valoir la peine, mais j’ai très peu de krugerrand et j’ai très peu de gold eagle alors que j’ai plutôt des maple leaf canadiens et c’est ce que je vois chez pas mal de mes clients aussi.

Investiror.net: Or ou argent ?
Piero San Giorgio: Je pense qu’il faut avoir des deux, l’argent évidemment a une valeur bien moindre au poids que l’or pour des raisons de rareté, mais je pense que l’argent d’un point de vue purement spéculatif va probablement augmenter plus que l’or ces prochaines années, encore une fois je ne préconise pas ces métaux pour de la spéculation mais certainement l’argent a un avantage c’est que par sa plus petite valeur il est plus accessible à des patrimoines plus modestes sous forme de pièces ou de petits lingots ou de lingots de 1kg mais aussi il est plus pratique dans une éventualité de troc. Il est sûr que d’arriver à un marché improvisé en cas de crise et essayer d’acheter de l’essence ou de la nourriture avec des pièces d’une once d’or, ce qui représente aujourd’hui plus de 1000′, vous allez peut certainement attirer les mauvaises intentions. En revanche sur ce même marché, acheter avec des pièces d’argent, pièces d’argent qui sont connues dans le pays dans lequel on habite, alors évidemment les pièces d’argent très connues comme les maple leaf canadiens argent de une once sont extrêmement fréquentes mais on peut aussi en France par exemple acheter avec les Hercule, les semeuses, toutes ces pièces d’argent qui sont très répandues, très connues et qui sont aussi une forme possible de mettre de côté et d’utiliser comme monnaie d’achange en cas de crise.
Investiror.net: Quelles précautions recommandez vous pour les transports d’or et d’argent?
Piero San Giorgio: De manière simple je dirais de ne pas faire ce transport. Pour un petit lingot, comme un lingot d’or de 1kg que vous voulez ramener chez vous, si c’est vraiment votre souhait, je le ferais en groupe avec des amis, c’est l’occasion de prendre un verre après et avec des amis qui si possible sont capables de préparer d’un mauvais coup, c’est à dire peut être un ami policier qui est habilité au port d’arme, ce qui fournit une forme de sécurité. Surtout faire preuve d’une grande discrétion, ne dites pas à tout le monde « demain je vais à la banque récupérer mon or », vraiment dès qu’on touche au patrimoine, et je pense que la plupart des gens en sont conscients, il faut rester extrêmement discret, méfiant et puis donc compter sur des amis et si nécessaire louer les services de sociétés de protection, c’est peut être un investissement qui vaut la peine.
Investiror.net: En Amérique du Sud, le dollar est la « réserve de valeur » par rapport aux devises locales. Détenir des liquidités en Dollars n’est il pas une meilleure solution que l’or et l’argent?
Piero San Giorgio: C’est vrai que dans beaucoup de pays, et j’ai vécu l’hyperinflation du Zimbabwe personnellement, j’y habitai lorsque le dollar Les Zimbabwelévock est parti en hyperinflation. Souvent, et on le voit aujourd’hui en Ukraine, le dollar américain est une sorte de réserve de valeur car c’est la monnaie de réserve internationale encore aujourd’hui. Alors je crois que à terme cela va disparaître, à terme le dollar va devoir faire face à un effondrement qui peut être déclencheur de crises majeures mais je vous avoue que chez moi dans mon coffre j’ai quelques dollars, j’ai quelques euros en plus des francs suisse ainsi que quelques pièces d’or. J’en ai pas beaucoup mais je dois avoir quelques milliers de dollars et d’euros, en cas de coup dur je veux avoir un tout petit peu de ces devises, tant qu’elles valent encore quelque chose, avant un effondrement elles sont certainement des réserves de valeur et donc je tiens à en avoir, quand je dis quelques milliers c’est peut être 2.000′ et pas 50.000′, mais c’est parce que cela correspond à ma fortune et j’ai pas besoin d’avoir 500.000$ dans mon coffre. Je ne fais personnellement pas confiance à long terme dans le dollar. C’est vrai qu’en Ukraine, dans certains pays en conflit c’est le dollar qui est utilisé encore aujourd’hui parce qu’il représente, à mon avis à tort, mais enfin il représente encore aujourd’hui une grande puissance militaire et une grande puissance économique. Est-ce que c’est une meilleure solution que l’or et l’argent? Je pense qu’il fait partie de ce panachage, de cette répartition des risques, je pense qu’il faut avoir de l’or, de l’argent et pourquoi pas un peu de dollars, un peu d’euros et pour ceux qui ne sont pas en Suisse, un petit peu de francs suisses, aussi peut être de la couronne norvégienne.
Investiror.net: Que conseillez-vous pour la détention d’or dans des zones à fort taux de criminalité (Venezuela, Colombie, pays d’Afrique) ?
Piero San Giorgio: Et bientôt les pays d’Europe je devrai ajouter et même pas bientôt, dans certains endroits des pays d’Europe. Là la solution est connue puisque dans ces pays cela se fait depuis très longtemps, c’est à dire qu’avant d’imaginer de stocker de l’or déjà les personnes qui ont un peu de fortune pensent à une stratégie de vie qui est beaucoup plus sécurisée et beaucoup plus consciente des problèmes de sécurité que ce à quoi nous sommes habitués en Europe, on parle de plus en plus de communautés protégées, on parle de l’utilisation de services de sécurité à plein temps, de systèmes de sécurité passifs avec des systèmes de surveillance et de détection d’intrusion etc. J’ai vécu en Afrique du sud, j’ai vécu au Zimbabwe, je vois tout à fait le type de défense mis en place, et c’est la même chose en Argentine, au Vénézuela, En Colombie, Au Mexique par exemple et de plus en plus aux Etats-Unis où l’on essaye en fait de créer une BAD sauf qu’il n’y a pas l’aspect nourriture et l’aspect autonomie mais enfin il y a des zones villa où chaque villa est protégée avec des murs des herses de sécurité, des systèmes d’alarme, des gardes qui elle même fait partie d’un quartier qui lui même est sécurisé avec des portails d’entrée, des herses, des alarmes, des services de sécurité souvent armés et on rentre dans un monde qui n’est pas le monde qui me plaît mais malheureusement c’est malheureusement le monde vers lequel on va dans lequel où même si il n’y a pas une immense crise comme celle que je prévois va être un monde ou la sécurité va être de plus en plus nécessaire, y compris en Suisse. Donc nous allons avoir besoin de plus en plus de systèmes de sécurité et donc dans ce cas la, quand je parle de système de sécurité passive évidemment également des coffres sophistiqués, difficiles à transporter, difficiles à pénétrer. Il y a de plus en plus de gens qui ont des coffres gigantesques comme ceux des banques, des coffres où il faudrait des journées entières pour être percé ou alors l’utilisation d’explosifs extrêmement rares et lourds dans lesquels on peut entreposer notre fortune, on voit aussi de plus en plus des systèmes de panic room où les gens se mettent eux même en sécurité.
Retrouvez Piero San Giorgio sur sa chaîne Youtube en cliquant ici

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