L’Or est Actuellement à la Croisée des Chemins. Où va-t-il aller ?

Le Dollar, après un regain de forme il y a deux semaines, se retourne de nouveau à la baisse. La fébrilité du billet vert depuis le mois de mars est la conséquence d’une élection présidentielle américaine sous haute tension. En effet, démocrates et républicains ont chacun laissé entendre qu’ils pourraient ne pas reconnaître le résultat des élections’ La recette parfaite pour une guerre civile et une aggravation de la récession.
Une récession historique puisque les derniers chiffres annoncent un recul de 31.4 % du PIB au second trimestre. Il s’agit de la plus grande récession depuis 1950′ Le consensus s’attend toutefois à ce que le PIB rebondisse de 30 % au dernier trimestre. Beaucoup va dépendre de l’éventuelle extension des allocations chômage et du second chèque de 1200 $ pour chaque américain.
Le dollar et la relique barbare ont historiquement une corrélation inverse. L’or monte lorsque le dollar baisse et vice versa. Même si le Gold Standard a disparu, il existe toujours une puissante inclinaison psychologique en faveur de l’or. La corrélation inverse s’explique par le fait que la dépréciation du dollar augmente mécaniquement le pouvoir d’achat des autres monnaies. Ce qui augmente la demande pour l’or, qui devient plus abordable pour le reste du monde. Il n’y a pas de secrets’
Si le DXY (Dollar Index) retourne sous la barre des 93, il y a de bonnes chances que cela supporte l’or. Un nouveau plus bas sous 92 pourrait assurément permettre à l’or de se remettre en route pour les 2000 $.
Dollar Index

Notons en passant que la JP Morgan a récemment admis avoir manipulé le marché des métaux précieux via la technique du « spoofing » (inonder le marché d’ordres pour attirer le prix dans un sens avant d’annuler ces mêmes ordres). La banque de Jamie Dimon vient d’être condamnée à payer une amende de près d’un milliard de dollars. Un record.JP Morgan n’a toutefois pas été reconnu coupable de manipuler le cours de l’or spécifiquement à la baisse. Ce qui est bien dommage car c’est bien cela le n’ud gordien de cette affaire. Les banques privées maintiennent le prix de l’or aussi bas que possible et le font d’autant plus volontiers que les États et les Banques Centrales regardent ailleurs.
Chris Powell ‘ qui enquête depuis deux décennies ‘ affirme même que les Banques Centrales influencent la valeur de l’or via le marché des produits dérivés (Futures) et que les banques comme JP Morgan ne sont que des intermédiaires’

Ce qui est loin d’être une simple théorie puisque le Gold Reserve Act de 1934 donne au gouvernement US le droit d’intervenir secrètement sur le prix de l’or. D’ailleurs, la CFTC (régulateur financier US) a avoué que le CME Group, qui est une bourse de produits dérivés (Futures notamment), offre des ‘rabais sur les grands volumes des Banques Centrales »Bref, la condamnation de JP Morgan suggère que le prix de l’or est désormais beaucoup plus libre de monter’
L’or est le canari dans la mine de monnaies. Il est impératif qu’il reste au tapis pour camoufler l’inflation et ne pas effriter la confiance dans les monnaies internationales, notamment le dollar. Ce dernier pourrait bien, un jour, se faire damer le pion par la monnaie internationale historique : l’or.Alors pour comprendre pourquoi l’administration Trump s’est offerte le scalp de la JP Morgan, il faut mettre plusieurs choses en lumière :La première est que Jamie Dimon, le CEO de la JP Morgan n’est pas un ami:
‘Je pourrais remporter l’élection présidentielle contre Trump’
Retrouvez l’interview de 2 min de Jamie Dimon ici :

La deuxième est que la JP Morgan semblait très intéressée par une crise durant la mandature de Donald Trump. Le but inavoué étant de pouvoir attaquer Trump sur son bilan économique :
‘Une récession ne serait pas une mauvaise chose pour la JP Morgan’
Retrouvez l’interview de 1 min ici :

Jamie Dimon s’est fait un ennemi du côté de la maison blanche lorsqu’il a annonce que sa banque s’accommoderait d’une crise. La JP Morgan s’est tirée une balle dans le pied en laissant entendre qu’elle participerait à un écroulement de l’économie. En effet, quoi de mieux qu’une crise économique pour empêcher une réélection’Il ne s’agit pas là d’élucubrations. La JP Morgan a en effet tenté de déclencher une crise fin 2019 via le marché REPO.Le marché ‘repo’, aussi appelé ‘marché interbancaire’, est l’endroit ou les banques se prêtent de l’argent entre elles, à très court terme : elles placent en collatéral des titres qu’elles possèdent et s’engagent à les racheter rapidement. Les banques déposent en général pour 24 heures un bon du trésor des États-Unis ou des obligations d’entreprises notées AAA. En échange, elles obtiennent du cash à un taux d’intérêt proche du taux directeur fixé par la Fed (0 %).Bref, le mastodonte JP Morgan, au moment des faits, contrôlait 46 % des prêts REPO des 6 plus grandes banques US (Bank of America, City group, Goldman Sachs, Morgan Stanley, Wells Fargo). Le 17 septembre, la JP Morgan se retira du marché, propulsant le taux repo jusqu’à 10 %.
Taux de refinancement sur le marché interbancaire US
Donald Trump obligea alors la Fed à intervenir pour empêcher la chute de la bourse et ne pas compromettre ses chances de réélection l’année suivante. La FED est allée jusqu’à fournir 75 milliards de dollars chaque jour. Du jamais vu. Enfin, n’oublions pas que Donald Trump a nommé au conseil des gouverneurs de la FED une avocate du Gold Standard: Judy Shelton. Nous allons revenir sur le Gold Standard mais tout cela pour dire que Donald Trump avait de bonnes raisons de mettre la pression sur JP Morgan. Il a fait d’une pierre deux coups.
Maintenant que les mises en examen des traders de la JP Morgan ont révélé des manipulations de l’or, UBS dit ‘Achetez de l’or’.
Apparemment, le démantèlement du gang qui manipulait l’or est de nature à donner à la banque suisse la confiance nécessaire pour conseiller à ses clients d’acheter de l’or. Kelvin Tay, le directeur régional des investissements d’UBS, a préconisé l’achat sur CNBC la semaine dernière, déclarant que ‘l’once devrait atteindre environ 2 000 dollars d’ici la fin de l’année’.
Cette recommandation aurait été plus judicieuse le 16 juillet, lorsque l’or se négociait à 1800 dollars l’once’ Il aurait également été utile d’appeler à prendre des bénéfices le 6 août, lorsque l’or a atteint un sommet historique sur 2 089 $. Depuis, la tendance est à la baisse avec des plus hauts constamment plus bas.
13 juillet ‘ 05 octobre 2020

L’or a également une relation inverse avec la bourse mais seulement lors des crash boursiers et des crises des dettes souveraines. Nous avons expliqué dans un précédent article comment le Bitcoin (BTC) pourrait réagir selon que ce soit Trump ou Biden qui finisse dans le bureau ovale. Nous y écrivions que le programme de taxation des démocrates (Biden) pourrait provoquer une baisse de la bourse et donc in fine une hausse du Bitcoin et de l’or.
Cela étant dit, les « marchés » n’aiment pas signaler que le locataire de la Maison Blanche leur ferait peur’ Ils ont donc tendance à monter quel que soit le vainqueur, même si marginalement. Un tel scenario n’aurait pas beaucoup d’influence sur l’or.
Dans l’hypothèse qu’une victoire nette de Donald Trump fasse monter la bourse, il n’est pas dit que l’or en souffre puisque nous l’avons dit, Trump veut se préparer pour l’inéluctable le plus tôt possible : un retour du gold standard et l’impossibilité d’importer autant qu’avant. Et notamment des produits chinois’
À plus long terme, il est clair que les politiques monétaires extrêmement ‘accommodantes’ de la FED et de la BCE sont bullish pour l’or. Sans compter que nous assistons actuellement à des achats massifs d’or de la part de nombreuses banques centrales partout dans le monde. Et notamment la Chine qui cherche à ressusciter le Gold Standard’ Même analyse pour le Bitcoin, l’alter ego de l’or.
Source : thecointribune

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